INTRODUCTION
Le premier vote au suffrage universel en Belgique eut lieu en Principauté de Liege en 1792, lors de la Révolution.Tous les habitants de plus de 18 ans furent en effet appelés à élire les
députés de la Convention nationale. Les habitants de la principauté purent également voter au suffrage universel masculin lors du référendum pour la réunion de leur pays à la
France.
Histoire du droit de vote en Belgique
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À l'indépendance de la Belgique, le droit de vote était réservé aux Belges de sexe masculin âgés de 25 ans au moins, qui payaient un impôt minimum appelé le cens (vote censitaire) ou qui avaient atteint un certain niveau d'instruction ou occupaient une fonction reconnue dans la société (vote capacitaire). L'élection des 200 membres du Congrès national le 3 novembre 1830 s'est ainsi déroulée selon un mode à la fois censitaire et capacitaire.
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La Constitution de 1831 retient le vote censitaire mais pas le vote capacitaire pour les élections de la Chambre, du Sénat et des conseils provinciaux et communaux. Le cens connaîtra deux diminutions, en 1848 et en 1871, qui auront pour effet d'élargir le corps électoral. En 1883 le vote capacitaire sera réintroduit, entraînant lui aussi un accroissement du nombre des électeurs.
Les électeurs appartiennent donc majoritairement à l’aristocratie et à la bourgeoisie,
mais on trouve également de nombreux agriculteurs et des cabaretiers.
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En 1893, le suffrage universel est inscrit dans la Constitution : à partir de cette date, tous les Belges de sexe masculin de plus de 25 ans sont électeurs. Mais certains disposent d'une ou de deux voix supplémentaires (vote plural) parce qu'ils sont électeurs capacitaires, sont chef de famille, ont plus de 35 ans ou paient une taxe de résidence de 5 francs minimum et/ou détiennent un livret d'épargne de 2 000 francs minimum ou bénéficient d'une rente viagère de 100 francs. Jusqu'alors, il fallait avoir 21 ans pour voter aux élections communales. L'âge minimum est porté à 30 ans en 1893 et une quatrième voix est accordée, pour ces seules élections, aux pères de famille payant un cens électoral déterminé ou dont le revenu cadastral atteint 150 francs.
Simultanément est introduite l'obligation constitutionnelle de voter, qui est toujours en vigueur pour tous les scrutins.
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Le suffrage universel pur et simple est appliqué dès 1919, mais inscrit dans la Constitution en 1921 seulement ; il vise les hommes de plus de 21 ans, chacun disposant désormais d'une et une seule voix. Les femmes obtiennent en 1921 le droit de voter aux élections communales tandis que les veuves de guerre et les mères de soldats décédés peuvent également participer aux autres élections.
Les premières élections au suffrage universel masculin, à partir de 21 ans,
ont lieu le 16 décembre 1919, avant même que la Constitution n’ait été modifiée.
L’adoption d’une simple loi électorale permet, le 16 décembre 1919, à tous les hommes âgés de 21 ans au moins,
de disposer d’une voix en attendant la révision de l’article 67 de la Constitution qui intervient le 7 février 1921.
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Ce n'est qu'en 1948 que le droit de voter sera octroyé à l'ensemble des femmes pour les élections législatives et provinciales.
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L'âge minimum est abaissé à 18 ans d'abord pour les élections communales (première application en 1970), puis pour les autres élections (à partir de 1981).
Les ressortissants d'un État membre de l'Union européenne peuvent, moyennant inscription sur la liste des électeurs de la commune où ils résident, participer aux scrutins européens et communaux (et être candidats à ceux-ci). Les autres étrangers, moyennant certaines conditions, peuvent s'inscrire pour être électeurs aux élections communales à partir de celles d'octobre 2006 ; ils ne peuvent toutefois pas être candidats.
En résumé,bref rappel historique de la raison d'être de cette loi :
En 1893, le mouvement ouvrier organise une grève générale dont le but est l'obtention du suffrage universelle. A cette époque, en effet, le régime électoral est celui du suffrage censitaire, c'est-à-dire donc que seuls les hommes qui payent un certain montant d'impôts (élevé) ont le droit de vote, ainsi que les «capacitaires» (hommes ayant un niveau d'instruction élevé ou exerçant une haute fonction à responsabilité - l'accès aux études étant hautement élitistes, les capacitaires sont donc aussi des gens fortunés. Le droit de vote est donc cantonné à la bourgeoisie et aux grands propriétaires terriens.
La grève déclenche un vent de panique parmi les classes dirigeantes (jusqu'ici sourdes aux revendications de la classe ouvrière), qui se réunissent donc d'urgence au parlement pour voter l'instauration du «suffrage universelle tempéré par le vote plural». Ce nouveau régime électoral (accordé en dernière minute pour faire office de soupape de décompression) établit que tous les hommes (mais pas les femmes, vive l'universalité) ont le droit de vote, mais que jusqu'à quatre voix peuvent être accordées aux capacitaires et/ou à ceux payant un certain montant d'impôts.
N'étant pas sur que cette mesure suffise à maintenir la main-mise de la bourgeoisie sur l'appareil d'État, les classes dirigeantes décident alors (avant la tenue des premières élection au suffrage universelle tempéré par le vote plural) d'instaurer dans la Constitution le vote obligatoire.
Le raisonnement qui est à la base de cette décision est le suivant : les électeurs les plus susceptibles de ne pas voter sont les modérés, les indécis, les centristes ; bref, tous ceux susceptibles de soutenir (ou du moins de ne pas contester) l'ordre établit qui profite (plus encore qu'aujourd'hui) aux plus puissants. En d'autres termes, le but de cette loi est d'empêcher la classe ouvrière d'accéder aux rennes de l'État, ou de faire reconnaitre leurs revendications (des plus légitimes).
Pour en revenir à notre temps, cette loi à donc pour conséquence (intentionnelle) de faire voter les gens qui n'ont pas d'opinion politique clair ou cohérente et/ou qui ne s'intéressent pas du tout (ou très peu) aux questions de société et qui sont donc les plus susceptibles d'être perméable à la démagogie généralisée des partis dominants, largement colportée et amplifiée par les médias mainstream.